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chants
EN 1990 MARC SEBERG
S'ETEINT ET LIVRE SON DERNIER SOUFFLE SANS DOULEUR NI REGRET.
DEJA, "LE BOUT DES NERFS", DERNIER ALBUM ACCOUCHÉ SANS
CONVICTION PAR JOHN LECKIE N'AVAIT PLUS VRAIMENT SA PLACE
ICI-BAS. TROIS ANS NOUS SÉPARENT DE CETTE ÉPITAPHE. PHILIPPE
PASCAL ET PASCALE LE SERRE AURAIENT PU EN RESTER LÀ. MAIS
L'IDÉE DE VIEILLIR SUR L'ACQUIS PARFOIS RIGIDE DE MARC SEBERG NE
LES ENCHANTAIENT GUÈRE. IVRES D'ENVIES NOUVELLES, DE SONS
ORGANIQUES ET DE REMCONTRES FÉCONDES, ILS S'APPRÊTENT À LIVRER
D'ICI PEU LA SUITE D'UN ÉPISODE QUI DÉBUTA À RENNES EN 1983.
La fin de Marc Seberg
après l'Olympia en 1990 correspondait-elle à une fin logique et
voulue, à l'aboutissement d'une démarche ?
Pascale : C'était tout à la fois. Nous avions la conviction
d'avoir fait le tour de toutes les possibilités, nous cinq
réunis. Il était temps de passer à une autre aventure,
d'ouvrir les portes, de se retrouver tous les deux.de partir au
Maroc et de reconstruire autre chose à tous points de vue.
Phitippe : Nous avions conscience de cette fin dès
l'enregistrement du "Bout des nerfs". Pascale et moi,
nous nous sommes dits qu'il fatlait essayer autre chose et nous
avons commencé à composer dès cette époque car le groupe
était allé au bout de lui-même, on se connaissait trop. Ça
nous est arrivé comme à beaucoup de groupes. Ce n'est pas un
regret
Trois années se sont
écoulées entre la,fin de Marc Seberg et la naissance de
Philippe Pascale. Est-ce un groupe à part entière ou juste un
projet musical ?
Philippe : On appelle cela un couple, les joyeux amis (rires).
Pascale : Bizarrement, la transition s'est faite rapidement. A la
sortie de la dernière toumée de Marc Seberg, nous sommes partis
en vacances au Maroc, puis celles-ci se sont vite réduites à
l'espace d'un local de répétition afin de préparer des
reprises ainsi que des morceaux à nous en prévision d'un
concert donné le 1er décenibre 1990 au profit de la lutte
marocaine contre le sida. L'affiche ne proposait que des artistes
africains sauf nous, qui n'étions pas prévus à l'origine. Nous
avons alors recruté sur place et ce fut un grand choc dans la
mesure où nous avons joué devant 6000 personnes qui ne nous
connaissaient que par le biais de clips diffusés sur la télé
marocaine, dirigée à l'époque par Alan Maneval. Nous ne
pouvions néanmoins pas rivaliser avec Toure Kunda ou Khaled sur
le plan de la popularité (rires).
Aviez-vous déjà une
optique musicale précise ?
Pascale : Nous avons d'abord couché nos envies sur maquette, des
envies que nous ne pouvions matérialiser avec Marc Seberg. Les
morceaux, composés pour les neuf dixièmes à la guitare,
étaient structurés, les idées et les mélodies déjà bien
abouties. Dès lors, nous avons commencé à travailler avec
Paddy, l'ex-bassiste de Yargo ou Yves-André Lefeuvre (Complot
Bronswick. Bruno Green. NDR). En fait, quand tu repars à zéro,
deux possibilités s'offrent à toi. Celle de prendre des
pointures capables de jouer à peu près n'importe quoi, ou
l'autre de travailler avec quelqu'un à qui tu donnes une
direction et qui va apporter son feeling. Nous cherchions une
finesse de jeu plus sentie que réfléchie. Il est vrai que les
musiciens interviennent sur les morceaux déjà aboutis,
qu'ils n'ont que peu de liberté avec, mais celle-ci, c'est le
feeling. C'est aussi ce que l'on a essayé de faire en matière
de production. Pour la première fois, nous avons co-produit cet
album avec Phil Délire. un ingénieur du son attitré du studio
ICP. Donc, réalisation de A à Z mais responsabilité de A à Z
également. Il faut être omniprésent. vouloir chaque note, la
désirer parce qu'elle sera là pour toujours. Je commence à
rester collée à cette histoire d'entrée en religion mais c'est
vrai que Marc Seberg m'a un peu fait cette impression, sur le
coup et rétrospectivement. Nous avions une ligne de conduite et
chacun s'y tenait. Nous refusions de faire certaines choses.
C'est très bien, je ne le regrette pas mais je me rends compte
à quel point nous étions vraiment carrés, ne laissant pas trop
surgir nos émotions. Nous avons cherché le contraire de
l'artificiel. Nous sommes partis sur l'envie que les gens qui
écoutent l'album se sentent presque au milieu des musiciens.
Il s'agit d'un
investissement personnel différent. Pourquoi ne pas avoir fait
appel à nouveau au service d'un producteur ?
Philippe : Car les morceaux sont très différents les uns des
autres. Un peu comme une palette graphique. Il nous aurait donc
fallu plusieurs producteurs. Nous voulions rompre avec le passé,
autant il n'était plus question de groupe, autant il n'était
pas question de producteur. Il n'est pas toujours facile d'être
sur la même longueur d'onde. C'est toujours un peu mystérieux
comme une alchimie.
Le fait de vivre en
couple est-il un facteur de plus grande liberté pour votre
musique ?
Pascale : Honnêtement, je ne sais pas si j'aurais l'énergie de
m'impliquer à ce point si Philippe n'était pas là... La
contrepartie, c'est que cela ne s'arrête jamais. J'ai tendance
à le vivre 24 heures sur 24, sauf quand je m'endors et encore,
j'en rêve parfois.
Philippe : On paye l'électricité à deux (rires)... En fait,
j'ai besoin de travailler avec quelqu'un qui sache tout de moi,
d'une personne qui me fasse accoucher de certaines choses que je
ne pourrais dire, par pudeur ou par aveuglement. Aussi, je crois
beaucoup à la complicité.
Cela a-t-il trait aux
textes, au courage d'écrire ?
Philippe : Ce n'est pas une histoire de courage. Nous collaborons
autant sur la musique que sur les textes. Pascale a un droit de
regard évident sur les textes et plus encore. J'aimerais bien
d'autre part que l'on voie les textes de l'album comme une
mosaïque d'émotions, comme un kaléidoscope d'impressions. Il y
a beaucoup de télescopage... Je souhaiterais que cela paraisse
improvisé, que ce soit quelque chose de spontané malgré le
travail, la réflexion. Il ne s'agit pas d'histoires car cela
fait longtemps que j'ai laissé la narration de côté.
Jean-François
Leclanche
Copyright : Rock Sound, 1993