Interview exclusive : Pierre Thomas

Il y a quelques temps, j'apprends qu'un batteur de Marquis de Sade est devenu cordonnier à Rennes. De passage pour les transmusicales, je fais mon "enquête" et localise la cordonnerie. Le cordonnier, c'est Pierre Thomas, premier batteur de Marquis de Sade, mais aussi batteur de Marc Seberg. C'est les bras ouverts qu'il m'accueille. Nous partageons un repas ensemble pour une discussion totalement libre. Quelques extraits à propos de Marquis de Sade, Marc Seberg, ... et des surprises à la fin de cette interview...

- Ton premier groupe, c'était Marquis de Sade?
P.T.: Oui. Je suis arrivé à Rennes en août 1976. J'ai passé une petite annonce dans un magazine. Même pas un magazine musical, car il n'y avait rien à l'époque. J'avais passé une annonce en disant que je cherchais des gens pour faire un groupe de rock. Et là, j'étais tombé sur Darcel et Dargelos, qui étaient venus me voir dans mon foyer de jeunes travailleurs. Et, on a fait un groupe qui s'est appelé Marquis de Sade, effectivement.

- Le groupe existait déjà lorsque tu es arrivé?
P.T.: Non, on a fondé le groupe tous les trois, contrairement à ce que dit la rumeur.

- La rumeur dit aussi que vous avez failli vous appeler "Les rats d'égout".
P.T.: C'est possible. Je ne me rappelle plus bien. Je me souviens que Dargelos avait trouvé un nom pour le groupe, c'était "Destroyed punks". On parlait à peine des punks en 76, en France. Le mot punk n'était pas encore passé dans le language courant. Il n'y avait que lui à parler de ça, à l'époque. Quand je l'ai rencontré au début, je lui ai demandé: "Qu'est-ce que tu fais dans la vie?". Et il m'a répondu: "Je suis punk!". On avait 18 ans. On ne se prenait pas au sérieux. Il n'en était pas question à ce moment-là. Il était question de faire un groupe sérieusement, mais le reste, c'était accessoire.

- Qu'est-ce qui t'a poussé à faire de la musique au début? L'envie de taper?
P.T.: Oui! Au début, je ne sais pas du tout. Je me souviens que quand j'étais gamin, je regardais une émission qui s'appelait "Pop 2". Je voyais Jimi Hendrix, Jefferson Airplane, les Who, . J'étais fou. Et à l'époque, du rock à la télé, sur une semaine, il y avait peut-être 30 minutes. Maintenant, tu allumes la télé, tu as 50 chaînes. Ce qui n'est pas forcément une bonne chose. Je ne veux pas jouer les vieux cons, mais, à l'époque, tu attendais ça, et quand tu voyais "Pop 2", tu appréciais.

- Quand tu es arrivé dans Marquis de Sade, tu étais déjà batteur?
P.T.: Oui. J'avais un gros problème, parce que j'étais originaire de Dinan. Et à Dinan, il y a un disque qui s'est vendu entre tous: "Harvest", de Neil Young. Et à partir de ce moment, tous les mecs à Dinan voulaient jouer de la guitare et jouaient des trucs de cet album. Mais pas un ne jouait du rock'n'roll. Et ça, je ne supportais pas. Et une fois que j'ai passé mon bac, je suis venu à Rennes et j'ai appris le métier de bottier. Mais c'était un alibi. J'étais venu avec ma batterie.

- Mais tu jouais seul?
P.T.: Ben oui, je jouais tout seul dans ma cave, avec mes disques. J'avais installé les haut-parleurs et je fermais les yeux. Le fait d'arriver à Rennes, c'était génial, car j'ai rencontré des mecs comme Darcel et Dargelos. Et heureusement que je les ai rencontrés! Mais c'est vrai qu'à l'époque, tu n'avais pas beaucoup de groupes de rock, à Rennes. Mais c'est fantastique de penser à ça, maintenant. Parce qu'à l'époque, notre rêve, c'était de vivre dans une ville où tu puisses descendre dans la rue le soir, à n'importe quelle heure et t'acheter à manger. Espérer qu'il puisse y avoir 5 concerts de rock en une semaine, pour nous, c'était de l'utopie. Maintenant, c'est le cas. Alors, le Virgin Megastore, on ne pouvait même pas imaginer qu'un tel magasin puisse exister. Et maintenant, les gens demandent encore plus. Jusqu'où irons-nous? D'un côté, c'est bien de voir que ce rêve s'est en grande partie réalisé. Il n'y avait pas que cela comme rêve. Evidemment, d'autres ne se sont pas réalisés. Mais celui-ci, il s'est réalisé. C'est du confort. Aujourd'hui, t'as envie d'une pizza à 23h, tu passes un coup de fil et tu as une pizza. A l'époque, tu avais 2-3 pizzerias, c'étaient des restaurants exotiques!

- Qu'est-ce que tu écoutais à l'époque, au moment de Marquis de Sade?
P.T.: J'avais un gros défaut que les autres n'appréciaient pas du tout, c'est que j'adorais Frank Zappa. Ce qui peut paraître aberrant pour un batteur. Les autres n'aimaient pas du tout. Puis, comme c'était l'époque du punk, il y avait Clash, Stranglers, . Et puis après, Killing Joke, . les trucs qui ont mal vieilli, genre Simple Minds, Cure, .

- Et maintenant, tu écoutes quoi?
P.T.: Henri Dès! Parce que j'ai 3 enfants! Mais pour moi, il y a deux albums qui vont marquer la fin du siècle: le dernier Bowie, qui est plein de références à toute sa carrière. Et le live des Clash. Et je peux finir l'année avec ces deux-là.

- Tu préférais les concerts ou le studio?
P.T.: Les concerts! Qu'est-ce que je me suis ennuyé en studio! J'ai quand même un bon souvenir de studio. Je pense que c'était pour "L'amour aux trousses". J'ai enregistré tout seul. J'étais tout seul dans le studio et c'était vraiment bien.

- Vous enregistriez en groupe normalement?
P.T.: On faisait cela à l'ancienne, nous! On faisait une première version tous ensemble. On gardait la batterie et les autres refaisaient leur partie.

- Tu jouais donc toujours avec les autres et eux jouaient après chacun séparément, avec la bande?
P.T.: C'est ça.

- Ta chanson préférée de Marc Seberg?
P.T.: J'allais dire "Break on through", mais ce n'était pas de nous! On l'a juste reprise sur scène. Mais j'aimais toutes les chansons sans exception, au plus au point. Vraiment! J'aimais bien des trucs comme "Strikes" ou "Personalities", "L'amour aux trousses".

- Des anecdotes?
P.T.: Depuis dix ans que c'est fini, il ne se passe pas 15 jours sans que je remonte sur scène avec Marc Seberg en rêvant.

- S'il y avait une reformation, tu irais?
P.T.: Si Philippe m'appelle maintenant, je me lève et j'y vais!

 

Très accueillant, nous avons fait quelques photos avec mon batteur favori !


La carte de visite !


Quand je vous dis qu'il est accueillant !


Toujours prêt à son comptoir !


La photo souvenir avec un fan. Eh, c'est votre webmaster !


Le stage de formation de votre webmaster...
Y'a encore du boulot, même si le formateur est au point.


La formation premiere de Pierre Thomas : bottier !


Page créée par Pascal Bechoux, janvier 2002