Philippe
Pascal n'est pas convaincu de l'importance des paroles en
elles-mêmes. En revanche, il considère comme primordiale
l'adéquation sonore mots-musique. C'est pour cette raison qu'il
utilise sa voix comme n'importe quel autre instrument. Mais seul
un producteur anglais, en l'occurrence John Leckie, qui collabore
ici avec Marc Seberg pour la seconde fois pouvait se faire
l'artisan d'une telle manipulation, contrairement à ses
homologues français s'évertuant contre vents et marées à
placer la voix en avant, il a fondu celle-ci au coeur même de
l'orchestration. Une orchestration basée sur les rythmes et
fortement dominée par les claviers. En outre, " Lumières
et Trahisons " annonçait une ouverture du quintet breton
aux rythmiques funky dont la guitare d'Anzia confirme ici la
tendance par quelques incursions bien senties sur l'" Autre
Rive " et " Désordre K.O. " Mais " Le Bout
des Nerfs " c'est aussi des ambiances dynamisantes et
survoltées (" Je t'accorde "), magnifiquement
ténébreuses à la manière de Cure (" Quelque chose, noir
") ou encore évoquant la campagne bretonne festoyante
(Gaiver'Ran). Le lyrisme est à son comble lorsque le groupe tire
sa révérence sur une majestueuse " Revanche ". Le fan
peut enfin se recueillir et dévorer au passage les textes des
deux premiers albums de Marc Seberg livré en bonus sous forme de
recueil avec " Le Bout des Nerfs ".
Fred Spade
Copyright : Backstage, 1990