Backstage, n°1, 1990

Critique de l'album Le bout des nerfs

 Le bout des nerfs  

Philippe Pascal n'est pas convaincu de l'importance des paroles en elles-mêmes. En revanche, il considère comme primordiale l'adéquation sonore mots-musique. C'est pour cette raison qu'il utilise sa voix comme n'importe quel autre instrument. Mais seul un producteur anglais, en l'occurrence John Leckie, qui collabore ici avec Marc Seberg pour la seconde fois pouvait se faire l'artisan d'une telle manipulation, contrairement à ses
homologues français s'évertuant contre vents et marées à placer la voix en avant, il a fondu celle-ci au coeur même de l'orchestration. Une orchestration basée sur les rythmes et fortement dominée par les claviers. En outre, " Lumières et Trahisons " annonçait une ouverture du quintet breton aux rythmiques funky dont la guitare d'Anzia confirme ici la tendance par quelques incursions bien senties sur l'" Autre Rive " et " Désordre K.O. " Mais " Le Bout des Nerfs " c'est aussi des ambiances dynamisantes et survoltées (" Je t'accorde "), magnifiquement ténébreuses à la manière de Cure (" Quelque chose, noir ") ou encore évoquant la campagne bretonne festoyante (Gaiver'Ran). Le lyrisme est à son comble lorsque le groupe tire sa révérence sur une majestueuse " Revanche ". Le fan peut enfin se recueillir et dévorer au passage les textes des deux premiers albums de Marc Seberg livré en bonus sous forme de recueil avec " Le Bout des Nerfs ".

Fred Spade


Copyright : Backstage, 1990